Le regard de voyance que je propose ici est lié à une forme de lassitude personnelle quant aux lieux communs couramment véhiculés sur la médiumnité, celle-ci étant présentée comme un super pouvoir à mi-chemin entre subliminale magie, supériorité psychique, puissance extraordinaire, capacité rare et prestation spectaculaire. Pourtant depuis toujours mon ressenti comme ma connaissance du don dans sa manifestation ne sont que simplicité et réalisme.
Le présent écrit n’a de fait pas d’autre vocation que d’évoquer ma propre relation à cette capacité de prescience, il ne prétend à aucune universalité, ni exhaustivité de compréhension ou d’interprétation.
A médium pure de naissance, j’aurais pu rajouter médium héréditaire, mais « en quoi cela validerait-il davantage ma propre aptitude à percevoir l’invisible ? » La prédisposition de mes ancêtres leur appartenait, elle n’accrédite en rien la mienne, ni la maîtrise que je peux en avoir, ni même mon expérience de l’extra-sensorialité. Elle ne m’a permis que d’identifier et de mettre précocement un mot sur les phénomènes que je vivais. L’apprentissage comme la pratique du don sont personnels, ils n’impliquent que soi et constituent un chemin d’évolution et de découverte tout au long de sa vie. De fait, considérer que l’aptitude de mes aïeux est une incidence sur ma propre utilisation de la médiumnité serait aussi illogique que de se dire qu’un enfant n’apprend à marcher que parce que nous marchons nous-même.
Souvent j’entends dire « je suis dans l’aide ». Je ne parviens pas à partager cette vision, je peux nous reconnaître une écoute, un soutien, un don de soi mais pas au-delà. L’aide au sens empirique du terme vient selon moi de vos guides, anges gardiens et autres entités qui nous choisissent comme canal de leur communication, si demain ils venaient à ne rien dire, nous n’aurions pas plus de possibilités que n’importe quel autre être humain de rassurer, de répondre, d’épauler ou d’alerter.
De fait octroyer au médium le statut de « Dieu », de « demi-Dieu » ou ne serait-ce que de « surHomme » est une erreur, notre rôle se limitant à une fonction de transmission. Notre particularisme humain, ne tient pas à notre faculté, mais à cette unicité propre à chaque individu. Il existe autant de don que de personne, la spécificité de celui-ci prenant sa source dans les composantes mêmes du médium, dans sa propre conception, dans la finesse de son interprétation, dans sa capacité de captation et surtout de restitution des informations. Il est ainsi impossible de faire des comparatifs ou des échelles de représentation des potentialités intuitives de chacun, les personnalités rendant les pressentiments des différents voyants complémentaires et non réducteurs ou concurrentiels les uns des autres.
De tous les clichés celui qui m’irrite le plus consiste à dire que les médiums ont des vies plus difficiles. Cette idée tient
d’un mythe inventé par les gens du sérail.
Une extrême sensibilité pour peu qu'elle s'accompagne d'empathie et d’humanité peut rendre la médiumnité blessante, angoissante voire
déroutante, toutefois tous les médiums ne sont pas dotés de ces 3 qualités et cette combinaison de sensations ne rend pas la vie plus difficile au sens propre du
terme elle nous amène juste sur un chemin de plus grande conscience. Quant aux évènements qui jalonnent nos routes d’incarné comme de médium ils n'ont rien de
plus simples ou de plus compliqués que ceux que tout un chacun peut traverser.
Finalement, notre seule singularité est ce lien ténu, puissant et mystérieux avec là-haut, ce bonheur d’accueillir la parole de nos guides,
la magie de la traduire, la tenace fidélité de leurs présages… C’est cette proximité qui nous permet de nous épanouir dans une incroyable énergie d'amour, de nous développer
au contact de leur grandeur, de leur lumière faisant au quotidien de cette faculté de prédiction
une merveilleuse offrande de la vie.